Puisque le sujet a l'air de passionner quelques forumeurs curieux, je vais un peu développer ce que j'avais laissé en suspens volontaire dans un message précédent.
Je pense pour ma part que François Couperin aime le mystère, ce qui explique qu'il ne laisse pas d'explication sur le titre de la pièce. D'autre part, qu'il choisit finement le nom de ses oeuvres.
Qu'on en juge : les Gondoles de Délos, les Barricades mystérieuses, Les Culbutes Jxcxbxnxs, les Moissonneurs, les Langueurs-Tendres, le Gazouillement, la Bersan, Les Bergeries, La Commère, Le Moucheron, les Fastes de la Grande, et Ancienne Ménestrandise " (orthographiée par une précaution transparente " la Grande Mxnxstrxndxsx ")... Jxcxbxnxs semblerait désigner les Jacobines; pour la Bersan, je n'ai pas d'idée.
Quatre sens du titre de la pièce, les bar(r)icades Mystérieuses (l'orthographe n'est pas encore fixée au début du XVIII° siècle, et Couperin joue peut-être sur une mauvaise graphie...) peuvent être retenus :
- celui des dessous féminins (univers de la galanterie; la pièce est publiée la même année que "la Voiture Embourbée" de Marivaux),
- celui des barricades que l'on dresse en pleine rue, mais en référence à des événements antérieurs à 1649 pour lesquels avaient été composées
les Barricades par Jacques Champion de Chambonnières en souvenir de (et peut-être en hommage à) la " Journée des Barricades " historique, où le peuple parisien imposa à la régente et au jeune Louis XIV la libération d'un parlementaire qui l'avait défendu contre les collecteurs d'impôts (contestation politique; la pièce a été composée en 1715, année de la mort de Louis XIV),
- celui évoqué dans un message précédent par "

" concernant le style d'écriture de la pièce typique de celui du grand maître français du clavecin, Chambonnières, et de l'oncle de François, Louis Couperin (univers musical),
- et enfin un sens relatif à la liberté artistique, qui est
une allusion aux interdits corporatifs, aux chasses gardées qui détournent l'élan de la libre création, tout en lui fournissant parfois, en même temps, des occasions d'inventer, comme l'interdiction des carillons qui provoquait les organistes à d'étranges et fécondes recherches de simulacres auditifs (univers créatif).

Les parties en italique sont extraites d'un texte d'Annie Prassoloff qu'on trouve sur :
http://annieprassoloff.chez.com/articles/barricades.htm. Je conseille à ceux intéressés par le droit d'auteur de lire la première moitié fort éclairante. La partie concernant Couperin et cette pièce est en gros la seconde moitié du texte.
Pour terminer ce développement quelque peu indigeste, et qui m'a occasionné quelques sueurs en ce début de nuit chaude, je souhaiterais citer cette jolie maxime de François Couperin, qui mériterait à elle seule d'être un sujet à l'épreuve de philosophie du bachot :
"J'aime mieux ce qui me touche que ce qui me surprend."
That's all, folks !

Et je pense avoir mérité d'un petit
